6. L'Art du Toucher

Pour la plupart des étudiants en profession de santé, et bien qu'aucun dictionnaire de rimes ne vous le confirmera,  "le Toucher" rime avec gynécologie, obstétrique, urologie et proctologie.

 Je ne parlerai pas ici des pratiques au logis qui, pour certain(e)s, sont du domaine des hobbies.

En ces Terres du Milieu, aux parfums musqués  et aux reliefs élaborés mais, nez en moins, glissants : il convient d'être prudent.

En effet, si l'un se pratique à un doigt et l'autre à deux, l'inversion, anodine dans un cas peut se révéler désastreuse dans l'autre et rester dans les annales.

Mais, au-delà de ces deux-là ("touchers" s'entend, pas doigts) il en est un troisième.

Beaucoup moins connu et par, une poignée seulement, pratiqué.

Vous l'avez compris, je veux parler du Toucher buccal.

Allons, allons ! Je ne vais pas me laisser mener par le bout du doigt !

Je vois bien à quel genre de perle vous vous attendiez !

Mais à force, ces histoires : ça lasse !

Alors revenons-en à notre Toucher buccal.

C'est en stage d'ORL (oto-rhino-laryngologie) que j'en ai découvert l'existence et en ai vraiment appris la pratique.

Le Professeur JL avait la pédagogie pratique et pertinente comme tu t'en souviens encore, je le sais, ma chère Béa...

Il nous apprit donc l'Art de palper un plancher buccal, une langue, un palais et plus profond encore, des amygdales...

Mais, paradoxalement,  mon premier, mon tout premier toucher buccal datait pour moi de quelques stages auparavant.

C'était même lors de mon tout premier : mon stage de gynécologie.

Rappelez-vous, je vous en ai déjà parlé*...

 Ce fut aussi l'occasion de palper, pour la première fois là-aussi, un chancre syphilitique.

Vous savez, cette lésion rosée, indolore, non inflammatoire, propre, bien limitée devenant, avec le temps, indurée et sécrétante.

Mais revenons à nos moutons et à cette fameuse consultation de gynécologie. 

Mon Maître, ce cher Professeur, demanda donc à cette dame, élégamment vêtue dans son splendide tailleur Charnel, l'autorisation de l'examiner.

Après avoir opiné du chef, qu'elle ne fut pas ma surprise de la voir docilement ouvrir la bouche et de voir mon professeur tendre… un doigtier à doigt unique!

Je m'attendais à ce qu'elle se déshabilla et qu'elle s'installa, comme de coutume, pieds à l'étrier.

Mais, non, elle resta là, bien droite, bouche ouverte, sans compromis, nous laissant tout à tour explorer longuement, palper et repalper encore,  sans piper mot, son chancre syphilitique amygdalien.

Je n'en menais pas large à l'époque, craignant de l'incommoder, de lui déclencher un réflexe nauséeux ou d'occlusion mandibulaire fatale pour mon appendice explorateur...

Aussi, stoïquement, sous l'œil aguerri  de mon Professeur vénéré et pour le coup, de vénérologie, j'explorai sa cavité buccale toute grande dévoilée.

Quelle première expérience !

Il faut dire que cette dame avait, à sa décharge, une extraordinaire ouverture de bouche...

*Cinquante fragments de vies, page 233.

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